La nouvelle autorité ministérielle appelée à ne pas prêter l’oreille aux vendeurs du vent tant nationaux qu’internationaux

En cette période où son excellence madame le vice-premier ministre, ministre de l’environnement et développement durable, Eve Bazaïba cherche à augmenter les recettes de l’État par de voies légales pour tenter d’atteindre un budget national des dizaines de milliards des dollars américains promis dans le discours de campagne électorale du Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, l’heure n’est plus à la distraction.
En effet, beaucoup de soi-disant « experts et spécialistes » on ne sait exactement dans quel domaine précisément, débitent des théories pour ne pas parler des mensonges sur des centaines de milliards des dollars américains que la RDC peut mobiliser en s’interdisant l’exploitation forestière industrielle.
Oui, il est peut-être vrai que le pays peut gagner beaucoup d’argent sur les forêts conservées, c’est-à-dire non mise en exploitation industrielle, à partir notamment de la rémunération des services environnementaux, de crédits carbone, de mécanismes procéduraux et d’investissement des activités REDD+ (Réduction des émissions des gaz à effet de serre due à la déforestation et la dégradation des forêts). Mais, tout ceci demande une très grande expertise (ressources humaines très qualifiées) et un équipement très sophistiqué que le pays ne dispose pas encore, malgré la tour à flux de carbone de Yangambi. Il faudra donc encore investir davantage en termes de formation du personnel ainsi que des équipements et attendre encore plusieurs années avant de prétendre gagner ces fameux milliards des dollars sur les forêts conservées. Il suffit de poser ces quelques questions à ceux qui font ce genre des déclarations pour vous rendre compte qu’il s’agit purement et simplement de la vente du vent.
Les questions sont les suivantes :
- Combien d’argent la RDC a déjà engrangé sur les services environnementaux, les mécanismes procéduraux, le crédit carbone et la REDD+ depuis 2002 que ce pays opté pour la mise en berne de l’exploitation forestière industrielle en instaurant le moratoire sur l’octroi de nouvelles concessions forestières ? A notre connaissance cela ne dépasse pas 500 000 $US Fonds CAFI de 200 000 $US y compris.
- Dans quelles villes du monde trouve-t-on les marchés carbones ? Et si possible préciser les quartiers, les avenues ou les immeubles.
- Pourquoi le pays ne reçoit rien allant dans ce sens sur les forêts conservées par l’Institut congolais pour la conservation (ICCN) sous forme des aires protégées (environ 13% de la superficie totale de la RDC) et il faut nécessairement isoler d’autres espaces forestiers pour espérer gagner ?
Non, ce n’est pas sérieux. Ce pays doit compter sur l’exploitation d’une partie de ses forêts de production permanente. C’est l’industrialisation qui apporte les richesses comme partout dans le monde. Il ne faudrait pas que la nouvelle autorité tombe dans le piège à con (connerie) tendu par les ennemis du Congo qui veulent garder ce pays dans la pauvreté.
Lorsque le journal Info-Environnement plaide, par exemple, pour la levée du moratoire sur l’octroi de nouvelles concessions forestières en RDC, il ne dit pas que ce moratoire n’a que des méfaits et ne renferme rien de bon. Au contraire, il a été salutaire pour le pays. Il a permis d’assainir le secteur forestier et contribuer à l’amélioration de sa gouvernance. Ce qui est néfaste c’est plutôt son maintien de plus de 19 ans.
Pour illustration, l’immobilisation de 11 millions d’hectares des forêts de production permanente, constituent un manque à gagner de :
- 6,5 millions $US sur les redevances annuelles de superficies;
- 1 milliard $US de perte de la production forestière annuelle sous régime d’aménagement durable, compte tenue d’une production moyenne à l’hectare de 5 m3 (5 m3 x 11 millions ha/25 ans de rotation);
- 2 milliards $US de perte annuelle de paiement de services environnementaux dû à la conservation de stocks de carbone pour ces forêts devant être exploités sous plans d’aménagement.
Aussi, l’empêchement des nouveaux acteurs d’entrer sur le marché a sans doute contribué à l’émergence d’un « secteur artisanal semi-industriel », soumis à moins de contrôle et jouissant d’une impunité, tout en contribuant moins au développement du pays que le secteur industriel. Il s’agit là d’une prolifération de l’exploitation illégale sur toute l’étendue de la RDC, qui constitue une grande menace pour les forêts du fait de son mode d’exploitation non durable, faisant perdre à la République d’importantes recettes fiscales et non fiscales de plus de 50 millions $US.
Voilà pourquoi, l’on attire l’attention de la nouvelle autorité pour éviter le piège car, les millions promis aux anciennes autorités afin d’instaurer ce fameux moratoire ne sont jamais tombés dans les caisses de l’État congolais. Il faudrait en tenir compte.
MaMpembi a Kasenga